L’INTERET DU COMPORTEMENTALISTE

1. Un professionnel du comportement n’est pas (forcément) un vétérinaire

Il s’agit ici de vous montrer l’intérêt que vous pourrez trouver à faire appel à un comportementaliste félin selon les soucis que vous rencontrez avec votre chat.

Cet article est le dernier volet de mon mémoire de comportementaliste sur le sujet; vous pourrez trouver un intérêt à lire préalablement au moins la partie consacrée aux troubles comportementaux.

Un professionnel du comportement félin peut être vétérinaire car il aura passé une spécialisation en la matière et certains cabinets proposent ces services à leurs clients.

Il n’est pas question de juger de la qualité de l’enseignement qu’aura reçu un vétérinaire sur ce sujet spécifique, et de la même façon il sera difficile de savoir si un comportementaliste qui ne sera pas vétérinaire aura non seulement reçu une formation de qualité mais en plus saura l’appliquer et en faire profiter ses clients.

Je vous recommande de contacter l’ACCEFE pour obtenir les coordonnées de comportementalistes félins formés dans leur école pour leur très belle éthique.

En premier lieu, on ne mettra pas en compétition la profession de vétérinaire et celle de comportementaliste car elles sont complémentaires, le vétérinaire étant parfois le préambule nécessaire pour un avis avant d’entamer une quelconque thérapie comportementale.

La collaboration entre les deux est au contraire un atout ; le vétérinaire va savoir écarter ou non un problème organique qui n’est pas du domaine d’un simple comportementaliste félin et ne doit pas l’être, sous peine de se voir attaquer pour pratique illégale de la médecine.

Le comportementaliste va par contre avoir le plus souvent un avantage supplémentaire sur un vétérinaire qui aura une spécialité de comportementaliste, ce sera celui de pouvoir prendre le temps de se déplacer au domicile du propriétaire de chat qui a décelé un souci chez son animal. La plupart des vétérinaires ne pourront en effet pas intégrer ce trajet à leur journée car ils auront un agenda trop rempli pour se le permettre ou bien cela coûterait alors trop cher à son client qui a déjà fait l’effort de payer une consultation sur un sujet de ce type.

L’idéal est que vétérinaire certifié comportementaliste ou non et « simple »comportementaliste félin fassent équipe, chacun ayant des compétences et expériences différentes. En effet, comme son nom l’indique, un comportementaliste ne sera consulté que pour s’occuper de ce sujet et aura potentiellement plus de chances d’avoir vu plus de cas liés à des troubles comportementaux qu’un vétérinaire. C’est aussi dû au fait que le vétérinaire ne pourra juger l’animal tel qu’on lui emmène qu’avec ce que le propriétaire voudra bien lui dire ; ce ne sera pas forcément pour cacher certaines manifestations comportementales qui ont lieu dans le foyer où il vit avec son animal à son vétérinaire, mais tout simplement car il n’y pensera pas ou ne fera pas le rapprochement.

2. Un Homme avec une vision extérieure

Un comportementaliste aura été formé à l’observation et aura appris à distinguer ce qui est un comportement normal pour un chat et n’est pas du tout pathologique même si cela dérange ses maîtres d’un comportement qui va tout d’abord requérir l’avis d’un vétérinaire. En cas de doute, il orientera aussi chez un vétérinaire, ainsi un chat que son maître considèrera comme malpropre aura peut-être une insuffisance rénale chronique, une malformation urinaire, du diabète, une hyperthyroïdie entraînant une potomanie (prise de boisson en augmentation), une tumeur de la vessie, ou une infection de la vessie.

Si la cause organique est écartée, il restera deux causes principales qui vont causer des troubles comportementaux de la part d’un chat :

  • Son ou ses maîtres.
  • L’agencement de l’endroit où il vit.

Fait étonnant, on ne parle pas du chat lui-même ! En effet, un comportementaliste félin, n’aura pas obligatoirement besoin de voir le chat mais l’endroit où il vit et avec qui pour comprendre à la fois si ses besoins éthologiques sont respectés et si son ou ses maîtres agissent correctement avec lui. Encore une fois, nous écarterons ici la maltraitance, le comportementaliste n’étant généralement pas appelé par le maître pour constater qu’ils battent leur chat ou l’affament, le cas échéant, s’il estime qu’il y a maltraitance passive, il ne manquera pas de le signaler à la personne pour tenter de modifier son attitude involontaire.

Le chat est territorial on l’a dit et l’endroit où il vit est pour lui primordial, mais encore faut-il avoir une idée de l’appartement ou de la maison qu’on pourra qualifier d’idéal pour un chat. D’où l’intérêt de venir voir où habite le félin qui est dérangé et /ou qui dérange.

Quels seront les points d’attention du comportementaliste ?

La litière : on le sait, il y a diverses qualités mais le propriétaire de son chat doit savoir ce qui a le plus de chance de convenir à son chat :

  • le chat n’aime pas qu’elle lui colle aux pattes.
  • il n’affectionne pas une odeur trop prononcée.
  • la litière doit rester sèche en surface.

Bien entendu, il sera bon aussi de penser à sa santé, et l’on choisira de préférence une litière sans additifs qui pourraient se révéler dangereux, pas trop poussiéreuse pour éviter son inhalation et une irritation des voies respiratoires. Il va donc falloir composer avec le budget et le côté pratique, Monsieur le chat pourra avoir été habitué à une autre litière avant ou ne pas avoir appris avec sa mère.

Un chat est naturellement propre si tant est qu’il ait appris avec sa mère, mais est-ce le cas ? d’où vient-il ? Evidemment, pour mettre la litière, il y a le bac à litière, qui pourra être ouvert ou fermé, et là de la même manière chaque chat sera différent et il conviendra de tester. Il faudra aussi réfléchir au nombre de litières en fonction du nombre de chats : est-ce suffisant ? La règle du « une litière par chat » ne convient pas non plus à tous, certains souhaitant uriner dans une litière et déféquer dans l’autre. Par ailleurs, il faudra penser à ne pas toutes les mettre au même endroit, pour que chacun soit libre d’y aller sans qu’on lui barre le chemin et inversement que le regroupement de litières ne soit pas considéré comme une grosse boîte incitant à faire n’importe où à cet endroit.

Enfin, l’emplacement sera particulièrement important :

  • On ne mange pas dans nos toilettes, le chat n’aime pas davantage.
  • On n’élimine pas non plus en plein milieu de la salle à manger mais au calme, le chat n’est pas différent de nous, il préfèrera un endroit calme et isolé, ce qui signifie aussi, pas sur un lieu de passage.
  • L’endroit doit être accessible en permanence mais si possible pas par le chien de la maison.

Et en dernier lieu, il faudra aussi penser à l’entretien régulier de cette litière et aux produits utilisés afin qu’ils attirent éventuellement le félin mais au moins ne l’en éloignent pas.

Les griffoirs : Griffer fait partie des besoins du chat et a deux utilités, user les griffes pour qu’elles ne soient pas gênantes et les affuter mais surtout marquer son territoire avec des traces visuelles et odorantes à l’aide de leurs phéromones. Si l’espace vital est dépourvu de griffoirs, le félin de la maison va quand même assouvir ses besoins, les griffoirs permettront de rediriger avec quelques techniques le chat vers un endroit que le propriétaire jugera plus propice.

La possibilité de grimper : Le chat a besoin de vivre en trois dimensions ; l’idée est de tenter de reproduire un milieu naturel, qu’il va pouvoir à la fois explorer et qui va aussi lui donner la possibilité de se mettre et de sentir en sécurité, tout en lui permettant d’observer. Le comportementaliste va vérifier que la maison ou l’appartement en sont bien pourvus et globalement aussi d’endroits pour se reposer au calme.

Le jeu : Jouer est aussi un indispensable pour le chat qui est taillé comme un sportif pour son équilibre physique et mental. Dehors, il a ses activités de prédation qu’il ne peut reproduire à l’intérieur que si nous lui en donnons la possibilité à travers des jeux, soit solitaires, soit interactifs pour jouer avec lui, soit alimentaires pour reproduire un semblant de chasse avec des croquettes.

Après avoir observé le lieu de vie, le comportementaliste aura pour rôle de faire parler le propriétaire pour savoir aussi de quelle manière le chat est nourri et abreuvé. Le chat n’est pas un chien et ne se satisfera pas d’une distribution alimentaire le matin et le soir ; c’est contraire à ses besoins de petit mangeur régulier qui fractionne toute la journée ses repas et ce mode alimentaire pourra créer des problèmes physiologiques et comportementaux.

Le sujet de l’eau est tout aussi important pour le chat qui n’a pas une tendance à boire beaucoup et il faudra veiller à l’emplacement de cette eau, à sa qualité et à la manière dont elle lui est présentée.

L’observation est un préalable indispensable pour un comportementaliste félin et devra se faire au pire avec les moyens modernes dont nous disposons actuellement en proposant une visite virtuelle du lieu de vie du chat.

En sus de l’endroit où vit le chat, il sera nécessaire de savoir avec qui le chat vit afin de déterminer si la cellule familiale est stable et comment elle est composée ; idéalement, voir tous les membres du foyer permettra au comportementaliste de se faire une idée de l’investissement de chacun dans la vie du félin ou pas et éventuellement de leur manière d’interagir.

3. Que peut-on attendre d’un comportementaliste félin ?

Quand on sait que la première cause d’abandon et d’euthanasie du chat sont liés aux comportements qui dérangent les maîtres, on comprend alors l’intérêt de quelqu’un qui va savoir donner un « mode d’emploi » du chat comme le souligne Monique Bourdin, vétérinaire comportementaliste.

Après avoir observé l’endroit où vit le chat et fait connaissance si possible avec la cellule familiale, le professionnel du comportement va avoir une idée des troubles éventuels dont risque de souffrir le chat. Il pourra proposer de premières modifications à effectuer sur le territoire du félin pour que celui-ci réponde mieux à ses besoins éthologiques en réfléchissant avec le propriétaire sur ce qui paraît assez facilement envisageable.

Il va savoir poser les questions pour chercher avec le propriétaire les causes des troubles :

– Est-ce que l’on respecte ses besoins éthologiques concernant son territoire ? oui, non, pourquoi ? Comment peut-on faire pour l’améliorer ? Les solutions devraient pouvoir venir ici du propriétaire qui aura été éclairé.

– De la même manière est-il nourri et abreuvé d’une façon qui lui convient ?

– A-t-il toujours souffert des troubles décrits ? Depuis quand ?

– Est-ce que le chat est suffisamment pris en considération ? Combien de temps son propriétaire ou sa famille lui accorde au quotidien ? Comment pallier un manque de temps éventuel pour s’en occuper ? Qui s’en occupe ? Est-ce que cela se passe bien ?

– Qui joue avec le chat et comment ? S’il n’est pas là, quel est l’âge de votre enfant ? Est-ce le premier animal dans la famille depuis qu’il est né ?

– La famille s’est-elle transformée récemment ? Arrivée d’un bébé ou nouveau compagnon ? Perte récente d’un animal, chien ou chat ?

– Des changements ont-ils eu lieu dans son lieu de vie ? Travaux chez le propriétaire, dehors ? Déménagement récent ?

– Des changements professionnels ont-ils eu lieu pour le propriétaire induisant des modifications d’horaires importantes, voire des absences ?

– D’où vient le chat ou le chaton ? Connait-on l’endroit où il vivait et l’environnement dont il bénéficiait ? Vient-il d’un refuge, de la rue ou de chez un éleveur ?

– A quel âge le chat ou chaton a-t-il a priori quitté sa mère ?

– Pourquoi ou pour qui avoir adopté ce chat ou ce chaton ? Combler un manque ? Perte d’un autre animal cher ? Ne pas être seul(e)? Responsabiliser un enfant ?

– Comment allez-vous ? Plus délicat mais cela peut ouvrir aussi le champ des possibles, en fonction de l’état mental du propriétaire ou tout au moins de ce qu’il apparaît

– Quel est l’âge du chat ?

– Et toujours : avez-vous consulté un vétérinaire récemment ?

– Et enfin : est-ce que vous le punissez ? De quelle manière ?

Le sens de cette question n’est pas de réprimander le propriétaire mais de lui faire comprendre qu’il y a des punitions que le chats ne comprendra pas, comme le très connu « Il faut lui mettre le nez dedans », lorsque le chat aura uriné à un endroit inapproprié, et d’autres encore qui risquent soit de renforcer le trouble au mieux, et au pire de casser complétement la confiance établie avec son chat.

Toutes ces questions vont aider à la fois à comprendre mais aussi à commencer à trouver ensemble avec le propriétaire du félin des solutions qu’il se sentira capable de mettre en place pour apprécier l’évolution de ce qui l’a amené à consulter.

« Les chats, c’est comme le papier, ça se froisse très vite » Guy de MAUPASSANT

4. Un professionnel qui va mettre un nom sur le trouble et aider à comprendre

Il n’est pas question ici de donner les solutions à chaque trouble comportemental qui pourrait affecter un chat mais de donner quelques indications sur les troubles principaux rencontrés, vus cette fois par l’œil du comportementaliste. En effet ce mémoire se veut davantage une réflexion sur ce qui a amené le chat et surtout son propriétaire vers le comportementaliste félin à travers l’évolution des conditions de vie de son compagnon à quatre pattes, qu’un manuel pratique permettant de savoir comment soigner chaque affection. Par ailleurs, chaque cas se veut un cas particulier à rattacher à un environnement et à un vécu, il n’y aura donc pas de solutions « magiques » pour tout.

Au passage, on parle bien ici de mettre un nom sur le trouble du félin et pas celui que l’on pourra rencontrer chez son humain et qui pourra au mieux inciter le comportementaliste à proposer au propriétaire de consulter lui-même un psychologue ou un psychiatre ; il n’est pas toujours facile de traverser certaines épreuves de la vie seul.

La malpropreté est le motif le plus fréquemment évoqué par les propriétaires comme trouble ; ce trouble est même considéré comme tellement gênant qu’il est aussi en tête des raisons pour abandonner un chat. Le propriétaire devra répondre à une première question quant à la façon d’éliminer de son chat afin de différencier un chat qui n’élimine pas dans sa litière d’un chat qui procède à un marquage. Pas si simple car on ne le voit pas toujours dans ces moments-là . Est-ce que le chat urine accroupi et donc de façon plus horizontal ou bien debout et de façon plus vertical, après une petite séance d’excitation où il va renifler l’endroit, piétiner et frétiller de la queue ? Il faudra ici en premier lieu vérifier que le chat n’est pas malade et consulter son vétérinaire, car dans près de 50% des cas, il s’agira de problèmes physiques.

Une fois éliminée une cause organique, le comportementaliste pourra se concentrer sur les causes de l’élimination inappropriée et trouver des solutions ou expliquer que le marquage urinaire fait partie du comportement normal du chat, qu’il soit sexuel ou réactionnel et qu’il concerne les mâles comme les femelles, y compris hélas ceux qui sont stérilisés ; quelles que soient les causes, le chat ne se venge en aucune manière de son propriétaire et le punir n’arrangera pas le problème, bien au contraire.

Il est intéressant aussi de savoir si le chat a toujours été malpropre ou pas ; on cherchera ici à savoir si le chat a pu être séparé trop tôt de sa mère et souffre d’un déficit d’apprentissage qu’il faudra alors combler.

Les troubles émotionnels sont souvent les causes de la malpropreté ; ainsi, les questions visant à connaître les changements quels qu’ils soient qui ont pu avoir lieu seront une piste à ne pas négliger.

Faire appel à un comportementaliste vite a son importance si l’on sait que la malpropreté risque de perdurer dans 50% des cas si elle existe depuis plus d’un an.

Parmi les motifs cités par les propriétaires comme un trouble gênant, les griffades sont citées plus haut mais ne sont pas non plus un trouble mais un comportement normal de félin qui pourra être « traité » par l’aménagement correct de son territoire et en l’orientant vers l’endroit désiré. Là encore, la punition est souvent évoquée mais souvent préjudiciable alors qu’une récompense lorsque le chat fera ses griffes à l’endroit prévu aura plus de chances de succès.

La vieillesse inquiète parfois les propriétaires car le chat n’agit plus comme avant ; il se toilette moins, il peut devenir malpropre, il ne mange plus, il ne se déplace pas bien, il miaule la nuit ou le jour en permanence, il semble parfois perdu ; toutes ces manifestations n’appellent pas beaucoup de traitements, comme nous. On pourra soulager le chat avec des médications à étudier avec le vétérinaire et mettre en place dans son environnement de quoi le soulager. Rajouter une litière peut aider à pallier son incontinence, installer un tabouret près de son lieu de repos préféré l’aidera sans conteste, et  lui proposer plus d’alimentation humide et molle lui facilitera aussi l’envie de s’alimenter. La patience sera en tout état de cause le maître-mot pour accepter et supporter son chat dans les deux sens du terme.

Le propriétaire d’un chat va parfois se plaindre que son chat ne l’aime pas, il conviendra alors de savoir si le maître lui-même propose des activités à son chat ou s’il attend simplement que le chat vienne vers lui, ou si encore il ne l’a pas « écœuré » en le manipulant comme une peluche, ou bien si le chat concerné a manqué de socialisation. Dans ces cas, une thérapie comportementale pourra aider à un rapprochement. Inversement, le chat peut sembler être tellement attaché à son maître qu’il le suit partout en miaulant et en se frottant à lui et ne le laisse pas non plus dormir. Une thérapie pourra aider à soigner cet hyperattachement qui crée une anxiété de séparation avant que le chat n’évolue vers une anorexie et une dépression, mais ne sera pas forcément suffisante et la médication sera nécessaire au-delà de deux semaines sans amélioration.

Le chat qui commence à faire des trous dans les pulls ou pire pour l’animal, celui qui commence à manger n’importe quoi (PICA) va aussi concerner les propriétaires, qui peuvent alors se tourner vers un spécialiste. Le comportementaliste va dans les deux cas avoir un intérêt, soit en redirigeant le comportement, soit en rendant ce qu’il affectionne aversif et en donnant des préconisations tant en nourriture qu’en enrichissement de l’environnement ; l’aide du vétérinaire est néanmoins souvent nécessaire.

Un autre trouble important car il met à terme la vie du chat en péril car son propriétaire ne la supportera pas longtemps c’est l’agressivité. Sous ce terme, on va englober divers types d’agressivités, en passant de celles liées au jeu, à celles liées à la douleur, à la peur, à la faim, à une agressivité territoriale, envers les autres chats ou envers l’homme ou une autre espèce, ou encore sexuelle ou maternelle, ou encore redirigée ; il faudra que le comportementaliste sache quelle est celle qui est concernée afin de déterminer la bonne attitude à adopter et les conseils à formuler. L’entretien se fera sous forme de questions préalables pour mieux cerner le problème et savoir depuis quand cela dure. Est-ce que c’est une agression offensive ou défensive ? Est-ce que ces agressions sont réactives ou pathologiques ? Comment le propriétaire a-t-il réagi jusque-là ?

La simple thérapie comportementale pourra suffire dans certains cas et être accompagnée ou non d’une médication, qui elle-même pourra être inutile dans certains cas.

Le propriétaire va parfois aussi décrire ce qui lui semble être un mal-être pour son chat mais qui n’est pas une gêne pour lui ; il voudra essayer de l’aider s’il y a des solutions faciles à mettre en place ; le comportementaliste va ici aussi essayer de l’aider à comprendre : Quels sont les symptômes ? Est-ce que le chat est devenu anxieux et quelle en est alors la cause ? Quels sont les changements intervenus récemment et qui pourraient y être rattachés ? Le chat semble devenir fou par moment ? Est-ce que c’est un état permanent ou y a-t-il des trêves ? Est-ce que le chat semble dormir suffisamment ?

Le comportementaliste va s’attacher à comprendre s’il s’agit d’un trouble de l’anxiété et duquel, d’un syndrome d’hyperactivité et d’hypersensibilité, appelé HS-HA, les deux devant être présents ensembles, ou de dysthymie ; des solutions en thérapie comportementales existent ; elles peuvent être soit simples soit insuffisantes et dans ces cas, les médications seront souvent indispensables, voire même à vie mais pour autant pas complètement satisfaisantes.

Le comportementaliste a été formé pour décoder les signes de troubles comportementaux mais surtout son rôle ne se limitera pas à proposer des thérapies mais à encourager à consulter le vétérinaire quand il pensera ne pas pouvoir y parvenir seul ou quand il aura un doute sur les causes qui provoquent les troubles.

5. Ses limites

Le comportementaliste ne sera pas toujours à même de réduire ou faire disparaître certains troubles, soit parce qu’ils sont installés depuis trop longtemps, soit parce que ce n’est pas possible du fait du trouble lui-même.

Comme on l’a expliqué, pour l’involution du chat, ou le fait qu’il vieillisse, le comportementaliste n’aura pas beaucoup de solutions. Un autre comportement gênant est la prédation, où le chat va alors s’attaquer aux chevilles de son maître ou de ses invités ; il ne s’agit pas réellement d’un trouble du comportement mais d’une activité que le chat ne pouvant pas exercer normalement en appartement notamment va rediriger, faute de proies à attraper ; il y a dans ce cas peu de solutions hormis le confinement avec des activités de substitution.

Certaines agressivités montreront aussi les limites d’un comportementaliste, comme l’agressivité dite idiopathique, car on ne trouve pas d’explication ni de déclencheur, comment la soigner alors ?

De la même façon, l’agression redirigée ne sera pas simple à soulager car le stimulus la déclenchant ne sera pas facile à identifier. L’ascenseur s’arrête juste devant la porte du propriétaire et la porte grince horriblement, à ce signal, le chat s’attaque à tout ce qu’il trouve sur son passage, objet, humain ou animal, comment repérer ce signal ?

Le Pica est un syndrome qui pourra être réduit mais il paraît difficile à faire disparaître même avec une assistance médicamenteuse. La liste des recommandations sera liée à l’enquête préalable qui aura permis ou pas précisément de comprendre comment ou pourquoi cela aura débuté.

Une autre limite peut être liée aux informations que le comportementaliste pourra obtenir. Il lui faudra alors expliquer pourquoi il a besoin de voir l’environnement où vit le félin concerné ou les membres de la famille s’il soupçonne que c’est important ou avouer son incompétence sans l’aide du propriétaire du chat et refuser d’aller plus loin.

Comme évoqué, il n’y aura pas de solutions stéréotypées mais des pistes à explorer et à tenter avec le propriétaire pour soulager son chat. Ce n’est qu’ensemble que ce sera possible et dans la mesure où le comportementaliste s’assurera que ce qu’il propose paraît réalisable ou supportable par le propriétaire, et avec l’appui éventuel d’un vétérinaire.

Conclusion

Le métier de comportementaliste félin a mis plusieurs siècles à apparaître et l’on comprend maintenant un peu mieux son utilité et pourquoi cette profession a mis si longtemps à apparaître, les conditions de vie et l’environnement de nos chats adorés étant radicalement différentes de ce qu’ils avaient à leur apparition.

On peut espérer que l’intérêt grandissant pour les chats incitera leurs propriétaires ou futurs acquéreurs à se renseigner préalablement sur leurs besoins éthologiques de base afin de limiter tous les troubles comportementaux qui ont été souvent générés par cette méconnaissance alors que nous leur avons imposé de plus notre mode de vie citadin et confiné.

Il semble à l’aune de ce que l’on voit aujourd’hui que le comportementaliste félin devrait avoir encore une utilité pendant de longues années pour soulager nos amis félins… et leurs maîtres.

Quelques citations pour finir avec humour :

« Les chats sont incompris parce qu’ils dédaignent de s’expliquer ; ils ne sont énigmatiques que pour ceux qui ignorent le pouvoir expressif du silence. »

Paul MORAND

« Le chat est d’une honnêteté absolue : les êtres humains cachent pour une raison ou une autre leurs sentiments, les chats, non. »

Ernest HEMINGWAY, attribué aussi à Francis Blanche

« L’homme est civilisé dans la mesure où il comprend le chat » George Bernard SHAW

« Le monde aura beau changer, les chats ne pondront pas. » Proverbe africain

« Si l’on pouvait croiser l’Homme et le chat, ça améliorerait l’homme mais ça dégraderait le chat. » Mark TWAIN

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