LES TROUBLES COMPORTEMENTAUX

1. Quand parle-t-on de troubles du comportement ?

En premier lieu, on peut se demander pourquoi ou comment le propriétaire d’un chat va remarquer que son chat souffre d’un quelconque trouble du comportement. Je vais essayer de vous montrer quels sont les troubles du comportement chez le chat et vous les expliquer.

C’est ici la deuxième partie de mon mémoire présenté pour l’obtention de mon certificat de comportementaliste auprès de l’ACCEFE.

N’est-ce pas simplement le fait que ses troubles vont déranger l’homme qui vont attirer son attention et le faire s’interroger afin que ce qu’il considère comme des nuisances puissent cesser ?

Pour un propriétaire qui n’a pas eu de chats ou pas beaucoup, il ne va pas forcément penser de prime abord à un trouble organique et/ou un mal être du chat mais risque d’incriminer son chat, voire le punir.

Ensuite, le premier réflexe du néophyte est souvent de faire appel à un médecin bien-connu, le Dr Google, ou encore à un forum de chats dont on lui a parlé sur un autre puit de connaissances reconnu qu’est Facebook.

Avec un peu de chance, le forum en question va donner tout un tas d’opinions et de tuyaux, parmi lesquels celui d’aller consulter son vétérinaire.

On parle ici essentiellement du citadin qui va s’inquiéter de voir son mobilier abîmé par des griffures ou des urines qui n’auront pas été déposées à l’endroit prévu, car c’est ce qui va être remarquable, mais aussi d’un chat qui pourrait devenir agressif dans un environnement citadin ou autre que citadin et inquiéter son maître.

On ne parle donc aussi que du chat dit domestique, les chats harets ou ceux simplement errant et semi-sauvages ne donnant pas facilement lieu à des études de ce type mais plutôt à sa vie quotidienne dans leur environnement ; on ne note alors pas de troubles spécifiques mais plutôt des règles de vie propres à l’endroit où ils se sont adaptés et qui se sont instaurées.

« Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » Antoine de SAINT   EXUPERY

2. Pourquoi ces troubles du comportement apparaissent-ils ?

On peut se demander en premier lieu où habitent principalement les chats aujourd’hui ; FACCO la Fédération d’Aliments pour Chiens Chats Oiseaux et autres animaux familiers a fait une enquête qui date de 2018 auprès d’un panel de 14.000 foyers français[1] :

Profil des possesseurs de chat : 69% habitent dans une maison avec jardin pour 78% concernant les chiens et 52% sont seuls avec un chat au moins, pour 56% pour les chiens ; le pourcentage de foyers disposant d’une maison avec jardin mais ne laissant pour autant pas sortir leur chat n’est pas donné, car trop compliqué certainement à quantifier et peu fiable. En lisant ce rapport, on estime donc que le chat reste encore plus rural que citadin. 11% sont en agglomération parisienne (soit 1,42 millions de chats si l’on considérait un seul chat par foyer), 28,4% dans une agglomération de plus de 100.000 personnes, 29,3% dans des agglomérations de moins de 2.000 habitants, 19,2% entre 2 et 20.000 personnes et 12% entre 20 et 100.000 habitants

L’enquête du même organisme datant de 2011 permet difficilement de noter les évolutions car les études sont plus détaillées mais les chiffres ne sont pas regroupés de la même façon ; on note simplement la détention de chats en Région Parisienne qui était alors de 14%, sur un échantillon qui était et est resté de 14.000 personnes ce qui n’est somme toute pas très important au vu des 67 millions actuels de français actuels soit 2 millions de plus qu’en 2011. Ainsi que le souligne Nelly Papapanayotou, Directrice chez KANTAR TNS, « dans un contexte de crise, l’animal est de plus en plus plébiscité, car il permet d’oublier ses petits problèmes quotidiens et de contrer la solitude. »

Nul doute que le pourcentage de possesseurs de chiens aura augmenté pendant la crise du COVID19 en 2020, si l’on n’apprend pas qu’il y aura ensuite eu une recrudescence d’abandons, lorsque le déconfinement ne nécessitait pas d’excuse pour sortir ; le chat ne fera pas partie des victimes car à part le fait que nous avons envahi son habitat, rien n’a changé pour lui.

Marianne BOUZICK dans sa thèse de doctorat s’est intéressée à l’impact éthologique de la domestication, et aux chats domestiques vivant en milieu anthropique, à savoir fait par l’homme ; clairement, c’est ici que se situe l’essentiel des enjeux, l’homme !

L’homme a d’abord déplacé le chat qui est devenu de plus en plus un chat d’appartement car considéré comme plus simple à gérer qu’un chien ; les statistiques montrent que le chat reste encore très rural mais ce ne sont pas ces chats qui posent problèmes à leurs maitres.

Alors qu’à la campagne, et en ayant accès à l’extérieur, le chat de nature indépendante va gérer ses besoins et profiter d’une nourriture fournie par son maître, en étant confiné en appartement ou en maison, le chat va être dépendant de son maître qui va devoir alors connaître ses besoins vitaux et pas uniquement alimentaires.

Si un chat adopte alors un comportement anormal, trois causes seront possibles :

  • Le chat a un problème organique et doit être vu par un vétérinaire
  • Le propriétaire est responsable de ce comportement par son attitude envers son chat
  • Le chat ne dispose pas d’un espace adapté à ses besoins.

Nous laisserons volontairement de côté la maltraitance active, ou passive ; la maltraitance active est maintenant condamnable et une personne qui exerce des mauvais traitements envers les animaux domestiques, que ce soient des sévices graves ou de nature sexuelle, ou qui commet un acte de cruauté encourt 2 ans de prison et 30.000€ d’amendes.

La maltraitance passive est souvent plus difficile à repérer et parfois inconsciente de la part du propriétaire qui va laisser son chat libre se débrouiller tout seul, puisque c’est dans sa nature d’être indépendant, et va ainsi éventuellement mal le nourrir, ne guère prendre en compte ses bobos, ne pas le vacciner ni le purger et ne pas l’identifier ; toutes ces personnes seront soit punies soit non identifiées mais n’iront pas volontairement se plaindre d’un problème dont elles seront responsables.

Pour les personnes qui se sentent concernées et vont s’en inquiéter, le tout est de savoir alors quels sont les besoins de son chat, d’où ils viennent et/ou pourquoi ils sont nécessaires, afin qu’il se sente bien, et les attitudes à éviter car il ne les comprendra pas et n’y répondra pas comme on le souhaiterait.

3. Construction du comportement

Comment se construit le comportement et est-il inné ?

Ce que l’on peut qualifier de comportement inné est en réalité l’instinct inscrit dans le patrimoine héréditaire de chaque espèce. On va ainsi le retrouver dans le comportement de tous les individus de la même espèce sans qu’il leur soit nécessaire de l’apprendre.

On qualifie ensuite les comportements d’acquis ; ils sont propres à l’espèce et font partie de l’éthologie de l’espèce concernée.

On distingue également le comportement appris qui est un comportement conséquence d’un apprentissage qui n’est pas propre à une espèce mais dont elle va tirer un bénéfice ou un confort.

Longtemps on a pensé que l’héritage génétique induisait le comportement mais les études ont au fil du temps pu prouver que le comportement n’était pas inné mais qu’il allait se construire au fur et à mesure des expériences acquises tout au long de son existence.

Une autre notion importante a également été mise en lumière comme évoluant avec l’expérience bonne ou mauvaise vécue, celle de l’homéostasie ; l’homéostasie correspond à la capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur quelles que soient les contraintes externes ; selon l’environnement, un comportement va se déclencher pour permettre d’y revenir, en l’occurrence à travers la fuite ou Le combat. Selon le vécu positif ou négatif et une expérience précédente ou nouvelle, la réaction pourra être différente car considérée comme la meilleure réponse.

Plusieurs scientifiques ont tenté d’apporter des réponses à ces questions de comportement inné, acquis ou appris. L’un des plus connus et des premiers à s’y être intéressé est Pavlov (1849-1936), médecin russe et physiologiste, et sa théorie du réflexe conditionné, qu’il a échafaudée à partir d’expériences sur des chiens et des souris principalement. Il s’est intéressé aux résultats d’un apprentissage par l’association de plusieurs stimuli et les réactions automatiques qu’ils vont déclencher dans l’organisme. Les réactions acquises par apprentissage ou habituation deviennent ainsi des réflexes. Les résultats de ses travaux permettent aujourd’hui de régler certains problèmes comportementaux.

Après Pavlov, c’est un autre psychologue du début du XXème siècle, Skinner, qui s’est intéressé au comportement. il a été fortement influencé par Pavlov mais s’est, lui, plus particulièrement intéressé aux effets que produisaient les comportements humains dans l’environnement. Sa théorie du behaviorisme est aujourd’hui contestée par certains psychologues modernes car trop réductrice et critiquée aussi car il a souhaité appliqué sur l’homme les résultats de ses expérimentations sur l’animal. Selon cette théorie, la reproduction d’une action est dépendante de l’effet qu’elle va produire sur l’environnement ; elle pourra être utilisée dans l’éducation des animaux domestiques.

Un autre psychologue, Jean Piaget, est l’auteur d’une théorie à son nom, qui explique que les enfants passent par différents stades spécifiques dans le développement de leur intellect et évoluent tout le long de leur vie avant de devenir adulte et ce, quel que soit leur origine ou leur culture. Ill va ainsi constater pour ce qui nous intéresse deux phases importantes dans le développement de l’enfant, le stade de l’intelligence sensori-motrice et celui dit de la période préopératoire ; transposé chez le chat, la première période se termine à 2 mois, alors qu’elle court de la naissance à 2 ans pour un enfant ; elle détermine l’importance de ses premières semaines au contact de son environnement minéral ou vivant. L’autre période qui va aller en moyenne de 1 à 4 mois selon les espèces chez les animaux va leur permettre d’acquérir d’autres notions avec en commun avec l’enfant celles de l’espace ; l’intelligence du chat ne lui permettra pas d’apprendre tout ce qu’assimile alors un enfant et notamment le langage et les notions de temps mais vont rester gravées ; le stade suivant dit des opérations complètes ne pourra d’ailleurs pas être atteint par le chat, son intelligence certaine étant limitée.

Enfin Albert Bandura, un psychologue canadien du XXème siècle s‘est fait connaître pour sa théorie de l’apprentissage social avec notamment l’apprentissage dit vicariant qui résulte de l’imitation par l’observation d’un pair qui exécute le comportement à acquérir ; c’est ainsi une composante de l’apprentissage qui permet de choisir le comportement qui conviendra le mieux sans passer par l’expérimentation soi-même.

On voit ici la limite d’apprentissage que peut avoir notamment un chaton retiré trop tôt à sa mère ; ce psychologue développe aussi dans le prolongement la théorie de l’auto-efficacité. En observant, on se fait une idée de ce qui paraît dangereux et que l’on va éviter de tenter de ce qui paraît faisable et que l’on se sent capable de faire aussi. Chez le chat, cela va s’appliquer : il va choisir d’adopter un comportement qui lui apporte un certain bénéfice et éviter ceux qui vont induire une punition de la part de sa mère. L’autre déduction importante qui découle de cette théorie, est que l’on ne peut attendre d’un chat que des actions et réactions de chat ; même s’il est installé dans un milieu humain, il restera un chat.

Ses notions importantes et leurs méconnaissances par les propriétaires de chat sont souvent à l’origine des troubles du comportement constatés ensuite chez leur félin, alors qu’ils sont persuadés de faire le maximum pour que leur animal soit heureux.

Le comportement est un ensemble d’actions et de réactions d’un être vivant dont le chat, placé dans une situation ou un contexte déterminé. Ce comportement va dépendre non seulement de l’individu et de son vécu mais aussi de l’environnement dans lequel il sera. Si l’environnement évolue, les réponses pourront ainsi être modifiées et c’est également un critère qui sera important pour comprendre les actions ou réactions d’un chat.

4. Ethologie

L’éthologie est la science des espèces animales dans leur milieu naturel. ; cette science se base néanmoins sur l’observation de populations spécifiques dans un milieu donné et sur une période donnée même si celle-ci peut être très longue, et l’on ne peut donc pas considérer qu’elle sera obligatoirement applicable à toute l’espèce.

Si les origines de cette science datent plutôt du XVIIème siècle, le nom daterait de 1854 ; Konrad Lorenz, Karl von Frisch et Nicolas Tinbergen sont considérés comme les fondateurs de l’éthologie et ont partagé ensemble en 1973 un Prix Nobel de Physiologie ou médecine.

Konrad Lorenz va montrer par ses observations que le comportement des animaux va se baser à la fois sur des comportements innés et des comportements acquis qui vont coexister.

Les observations d’un éthologue que l’on peut devenir en ayant du temps à y consacrer se consignent sur un éthogramme ; c’est un tableau qui va reprendre l’ensemble des observations qui peuvent être classées en 4 catégories reprenant des formes de comportement qui se retrouvent dans une espèce donnée :

  • « La dimension de causalité immédiate : Réaction à un stimulus
  • La dimension ontogénétique : Le comportement inné et programmé
  • La dimension phylogénétique : Les différences et ressemblances entre espèces
  • La dimension adaptative ou fonctionnelle : Les facteurs extérieurs qui ont généré un comportement »[1]

Les éthologues ont ainsi constaté les différences existant entre l’homme et le chat qui permettent aussi de comprendre que l’on ne peut pas fonctionner de la même façon et que nous n’avons pas les mêmes besoins :

Au niveau visuel, le chat voit mieux la nuit que nous, grâce à un tapis lumineux (Tapetum Lucidum) dans sa rétine qui lui permet de capter plus d’image même en luminosité réduite par un système de réflexion comme un miroir ; sa pupille s’adapte à la lumière ambiante se rétractant en cas de forte lumière et se dilatant au contraire lorsqu’il faut capter le plus de lumière possible.

La taille de sa cornée lui permet d’avoir un champ visuel de l’ordre de 285 degrés à comparer à notre moyenne de 160 degrés, mais le chat distinguera moins les reliefs et sa vision binoculaire ne sera précise que jusqu’à 130 degrés. Cependant, le chat ne voit pas autant de couleurs que nous ; il ne distingue ainsi pas le rouge et peu le vert, tel un homme qui serait daltonien car il n’est pas équipé de la même façon en cônes et en bâtonnets, les cellules photoréceptrices dans la rétine ; le chat a davantage de bâtonnets lui permettant de mieux voir la nuit mais tout comme nous, les cônes devenant insensibles, il aura une vision en noir et blanc. Ici, il est important de souligner que nous ne voyons déjà pas notre monde de la même façon.

Au niveau auditif, le chat est un champion : alors que nous entendons des sons dont la fréquence varie de 64 à 23.000 Hertz, le chat les perçoit dès 45 Hertz et jusqu’à 64.000 Hertz. Cette sensibilité est un atout mais peut aussi être gênante quand le niveau sonore est important pour lui alors que nous ne le percevons pas comme tel et entraîner des réactions de fuite ou de panique ; le chat est aussi capable de faire le tri des sons qui l’intéressent parmi une multitude de bruits qui ne le concernent pas ; ce que nous interprétons parfois comme un sixième sens dont il serait doté, n’est le plus souvent dû qu’à des capacités auditives hors-normes qui vont lui permettre de reconnaître par exemple les bruits qui se relient au retour de son maître dans un environnement de sons multiples.

Bien qu’ayant un sens de l’ouïe très développé, un chat sourd saura néanmoins s’adapter car d’autres sens seront capables de prendre le relais, comme la vue et le toucher.

Le toucher fait partie des sens importants du chat et il est pourvu de bon partenaires que sont les vibrisses ( moustaches et poils au niveau des yeux) et de coussinets sous les pattes qui viennent compléter des récepteurs sur tout son corps, ainsi que sa truffe pour ce qui sera très proche ; c’est le sens d’appréciation pour tout ce qui se trouve à proximité ; il va lui permettre de réagir convenablement à une impression de chaleur ou de froid intense et à la douleur.

C’est aussi un sens important car il fait partie d’un comportement habituel et quotidien du chat que sont le toilettage et l’allo-marquage consistant à déposer sur nous, sur son environnement ou les autres animaux des phéromones ; il est aussi important de savoir que ce comportement est indispensable à un chat en bonne santé physique mais aussi mentale.

Au niveau du goût, le chat dispose là d’un sens plus restreint (500 papilles contre 10.000 pour l’homme mais bien suffisant pour lui ; associé à l’odorat, elle lui permettra de ne pas manger de nourritures qui serait avariées mais il ne sera pas gêné par une nourriture qui lui convient mais n’est  pas variée ; alors qu’il n’aime pas la saveur sucrée, il peut manger très salé ; l’acidité est une saveur qu’il va apprécier jusqu’à un certain point qu’il ne contrôlera pas forcément mais alors il vomira ; il repère la saveur amère qu’il n’aime pas et cela pourra le préserver de certains poisons ; on lui attribue la reconnaissance d’un cinquième saveur, l’umami, se traduisant généralement par le délicieux ou le savoureux et on le qualifie de « gouteur d’eau » qu’il appréciera fraîche et mouvante si possible.

Concernant l’odorat, le chat dispose ici de 2 systèmes :

  • le système olfactif principal constitué des cavités nasales très développées et de bulbes olfactifs également très gros ; a priori, selon les races, ce sens pourrait être atténué par la forme de la tête si elle est trop plate comme celle du Persan ; si des odeurs le mettent particulièrement en joie comme celle de la fameuse herbe à chats, la cataire, d’autres le feront fuir (agrumes) d’autres encore le calmeront (lavande, vanille).
  • le système voméro-nasal, ou organe de Jacobson, du nom de celui qui l’identifia en 1913 ; moins connu par les néophytes, il est indispensable au chat pour communiquer de façon ordinaire et dans le cadre de la reproduction ; il se situe en bas de la cavité nasale et on remarque que le chat l’utilise lorsqu’il fait une sorte de mimique où il retrousse ses lèvres en entrouvrant la bouche ; il sert à repérer les communications via les phéromones.

Ces phéromones ont une importance prépondérante pour le chat et nous nous intéresserons surtout aux phéromones dites de territoire et aux phéromones sexuelles. les premières servent comme leur nom l’indique à délimiter un territoire et les autres à indiquer une disponibilité sexuelle par une femelle, qui attirent ainsi de si loin les troupeaux de mâles qui auront décelé qu’une jolie chatte les attend et entraîneront ces batailles pour elles au printemps et en été en France ou selon l’endroit où l’on vit pendant la saison de reproduction où les jours sont les plus longs.

Il existerait en tout une quarantaine de formes de phéromones chez le chat, treize communes à l’ensemble de l’espèce mais cinq seulement auraient été identifiées nommées F1 à F5 et deux qui ont pu être synthétisées afin de pouvoir les utiliser pour reproduire leur usage ;

Les phéromones vont être déposées soit par marquages sous la forme de griffades, ou de marquage facial, soit par des marquages urinaires et l’on s’interroge souvent sur l’utilité pour les chats de ces marquages mais on pense de façon moins évidente au manque qu’elles peuvent provoquer chez un chat, lorsqu’il n’y a rien de tout cela dans un nouvel environnement.

Le chat va délimiter un territoire, son territoire, et les différents endroits de ses champs d’activité (jeu, alimentation, reproduction éventuellement), d’élimination, et de repos. Il va se servir de tous ses sens pour surveiller ensuite toute intrusion sur ce territoire et se créer virtuellement ce que Jean-Claude ARNAUD a nommé une bulle de sécurité et se protéger.

Nous comprenons ici qu’il est difficile pour l’homme d’interpréter les comportements du chat alors même que nous ne vivons finalement pas tout à fait dans le même monde, nous ne le voyons pas de la même façon, ni ne l’entendons de manière similaire, et notre perception du territoire et de son importance n’a rien à voir.

Ce paragraphe serait incomplet si l’on n’évoquait pas l’ontogenèse des comportements, qui correspond pour le chat à l’élaboration, le perfectionnement et l’évolution du comportement au cours de son développement de la naissance à l’âge adulte voire la mort. Bertrand DEPUTTE, professeur d’éthologie dit que l’ontogénèse comprend trois phases : cognitive, morphologique et comportementale qui nous intéresse plus particulièrement ici, comme explication à certains comportements que nous retrouverons ensuite chez le chat.

Une période dans ce développement est si cruciale qu’on l’a nommée, la période sensible. Le chaton nait tout d’abord sourd et aveugle ; pour peu que sa mère ait bénéficié de bons soins, autant alimentaires qu’affectifs et a été nourri aussi de beaucoup de caresses, ce chaton démarrera déjà bien dans la vie. La période sensible va se situer environ de la deuxième à la huitième semaine ; elle se nomme ainsi car les évènements vécus pendant cette période peuvent avoir ensuite des effets durables dans le temps, bons ou préjudiciables, et parce que c’est une période pendant laquelle l’apprentissage est facilité et mémorisé de façon durable. Un environnement stimulant permettra au système nerveux central de développer des connexions nerveuses via des synapses pendant cette période et qui seront durables.

Au-delà de la septième semaine de vie, il ne sera plus possible de créer de nouvelles synapses ; plus il aura eu d’expériences sensoriels pendant cette période, plus il aura en quelque sorte un catalogue auquel se référer pour savoir réagir. on va parler ici d’homéostasie sensorielle, le chaton apprenant à définir son seuil de tolérance à tous les stimuli ; on comprend aussi que s’il n’a pas eu de stimulations, ce seuil sera alors très bas et le chaton supportera peu de choses.

La présence de la mère dans la mesure où elle est équilibrée et non stressée apportera à la fois un apaisement au(x) chaton(s) mais lui permettra aussi d’apprendre à contrôler morsures et griffades pendant les jeux avec la fratrie, les abus étant réprimés par la maman. À ce stade, on parlera aussi de socialisation primaire, même si le chat est connu pour être plus solitaire que sociable, étant un être territorial surtout ; pour reconnaître les siens, un chaton aura besoin de les connaître. S’il n’est élevé qu’au biberon par un humain et non par sa mère, il ne reconnaîtra pas un chat comme étant un de ses congénères plus tard ; de la même façon, il va apprendre à reconnaître les espèces amies, dont l’homme pourra faire partie s’il y est habitué, et de préférence sous toutes ses formes, masculines, féminines, mais aussi les enfants. Concernant la reconnaissance d’une autre espèce animale, le processus se révèlera plus compliqué et un chaton habitué au chien de la maison ne le sera pas à tous les chiens.

Ici encore, on voit que le chat part avec une base commune à tous les chats avec des sens qui le différencient de l’homme mais qu’il faudra aussi y ajouter son expérience qui n’est pas toujours connue. Le propriétaire d’un chat va alors être d’abord spectateur de réactions qu’il va lui falloir déjà déceler puis décoder s’il le souhaite ou si elles ne lui conviennent pas.

5. Troubles principaux du comportement

Le propos n’est pas ici de donner la liste complète des troubles du comportement que l’on peut trouver chez le chat mais d’évoquer les troubles principaux qui font qu’un propriétaire de chat(s), au vu des symptômes ou manifestations, va être amené à consulter un comportementaliste, qui précisera alors de quel trouble exact est atteint son félin.

Que peut constater un propriétaire de chat qui va l’alerter sur un quelconque problème qui va le gêner lui-même ou sa famille ou lui sembler anormal pour son animal ?

  • La malpropreté : le chat n’élimine pas ou plus dans la litière, ou s’est mis à asperger les murs de son urine.
  • L’agressivité : le chat est devenu agressif ou vient d’arriver et n’a pas un comportement adapté envers son maître, sa famille ou des invités.
  • La prédation : le chat prend son maître ou ses invités pour une proie.
  • Le fait de mâcher des tissus ou autres : le chat se met à faire des trous dans les pulls ou à mâcher n’importe quelle matière.
  • La vieillesse : il semble que le chat en vieillissant adopte de drôles d’attitudes.
  • L’anxiété : le chat semble prostré et malheureux.
  • La folie : Le chat court partout et semble avoir des crises de folie, passagères ou quasi permanentes.
  • Peur ou phobie : le chat semble craindre quelque chose de déterminé ou non.

Pour chacune de ses constatations, on pourrait ajouter du point de vue du propriétaire « sans raison apparente ».

  • L’attachement :  le chat ne s’intéresse pas à son maître ou ne vit que pour lui.
  • Les griffades : Le chat fait ses griffes partout

On constate qu’il existe beaucoup de manifestations très différentes qui peuvent inquiéter ou alerter quelqu’un qui possède un chat. Le premier réflexe est souvent d’aller voir sur internet si quelqu’un peut donner une solution miracle à son souci, les forums sur Facebook notamment regorgent de gens débordant d’imagination pour tous les problèmes ou de ceux qui ont déjà tout rencontré et ont pour chaque problème une solution même si ce n’est pas forcément la bonne, ou même qu’ils ne l’ont pas expérimentée. Il y a pourtant deux solutions qui peuvent être efficaces et utilisées dans l’ordre, séparément ou ensemble. La première consiste à aller consulter son vétérinaire habituel, qui le renverra peut-être après examen du félin vers un comportementaliste en complément. La deuxième est justement d’aller voir un (bon) comportementaliste qui si cela n’a pas été fait préalablement conseillera le plus souvent aussi d’aller voir son vétérinaire.

Mon article suivant essaie de vous donner un éclairage sur l’intérêt du comportementaliste félin.

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