1. Le chat sans les hommes : son apparition supposée
Première partie du mémoire rendu pour ma certification en tant que comportementaliste auprès de l’ACCEFE. Cette partie est dédiée à l’histoire du chat et de sa place parmi les hommes.
« Au commencement, Dieu créa le chat à son image. Et bien entendu, il trouva que c’était bien. Mais le chat était paresseux. Il ne voulait rien faire. Alors, plus tard, après quelques millénaires, Dieu créa l’homme. Uniquement dans le but de servir le chat, de lui servir d’esclave jusqu’à la fin des temps… » Jacques STERNBERG, Contes Glacés 1974
L’apparition de la vie sur la Terre, et celle du chat donc, a donné lieu à plusieurs théories dont celle du créationnisme retenu ici par l’auteur, parmi la génération spontanée, émise par Aristote, et la panspermie, croyant à une vie venue du Cosmos, développée par l’Allemand H.E .Richter en 1865.
Les études s’accordent maintenant, avec les moyens scientifiques qui ont petit à petit permis de dater les découvertes, d’une apparition des premiers mammifères dits modernes il y a 50 millions d’années, quelle que soit la façon dont ils sont nés.
Les premiers primates seraient apparus il y a 56 millions d’années avec une grande diversité de mammifères, parmi lesquels les ancêtres des chats ; Les premiers Australopithèques, ancêtres probables de l’homme moderne seraient nés aux alentours des – 6 millions d’années, tandis que les premiers Homo Sapiens ne dateraient que de 200.000 années ; l’ancêtre du chat serait bien apparu avant l’Homme et aurait ainsi vécu sans lui pendant des siècles.
Dans l’échelle des origines du chat, on trouve les Créodontes, premiers carnassiers, mi-chiens mi-chats et de différentes tailles qui sont apparus aux alentours des 100 millions d’années ; ils disparaîtront environ 50 millions d’années avant JC, laissant la place aux Miacidés, de petite taille et proche de la belette ; ce seraient eux qui seraient à l’origine de toutes les espèces carnivores ; il a ensuite été trouvé des fossiles de Proailurus datant d’il y a 25 millions d’années en Eurasie qui semble commencer à ressembler à nos chats actuels en plus grand mais il ne marche pas sur la pointe des pieds ; il va évoluer vers le Pseudaelurus 20 millions d’années avant JC qui va migrer vers l’Amérique et l’Afrique et va lui-même se diviser en 2 groupes, les Machairondotinés et les Schizailurus, qui seraient les ancêtres de nos chats actuels, à travers l’une des 4 branches de sa descendance, les Félinés.
Les origines du chat ont suscité un grand intérêt au XIXème siècle et au début du XXème siècle ; les chercheurs ne sont pas d’accord sur tout mais une chose semble certaine, le genre Felis Silvestris compte trois grandes espèces[1] : « le chat sauvage européen ( Felis silvestris Schreber), que l’on trouve un peu partout sur le Vieux continent ainsi que dans le Caucase et l’Asie Mineure, le Felis manual Pallas qui vit en Asie , et le chat sauvage de Nubie, Felis Libyca Forster, appelé aussi chat ganté, que l’on rencontre du Bassin Méditerranéen( Baléares, Corse, Sardaigne) jusqu’en Afrique, en Arabie et même en Inde. ». Le sujet sur lequel les auteurs divergent concerne l’endroit où le chat aurait été domestiqué au départ.
2. L’antiquité ou le début du rapprochement : de son utilité primaire
La plupart des zoologues parlent de l’Egypte comme le berceau du chat mais d’autres hypothèses sont également avancées : le chat sauvage européen aurait été apprivoisé au Moyen Age d’après le Hongrois Sandor BOKONOYI ; l’Anglais Réginald Innes POCOCK pense que le chat domestique serait issu de croisements de chats domestiqués mais d’importation avec des chats sauvages européens ; une autre hypothèse avance que le chat aurait pu être d’abord domestiqué en Perse ou au Pakistan où des restes datant de 2000 ans avant JC ont été retrouvés, puis il se serait répandu en Egypte.
Ce qui nous a été transmis provient en tous cas essentiellement du culte que les Egyptiens vouaient au chat ; les Egyptiens ont en quelque sorte allié l’utile à l’agréable. Le chat s’est fait connaître pour ses qualités indéniables de chasseur alors que l’Egypte était réputée pour être le grenier à blé de l’Antiquité et sa domestication serait partie de là. Les Egyptiens commencèrent à utiliser le chat qui en contrepartie était nourri grâce aux rongeurs attirés par le blé que les hommes cultivaient et voulaient stocker en limitant les risques ; ils ont ainsi pu apprivoiser des chats sauvages (Felis silvestris Libyca, cousins de l’Abyssin).
Les représentations des chats permettent de dater ce début de domestication entre 3000 et 1500 avant JC ; les écrits les plus anciens proviendraient de l’historien Grec Hérodote datant du Vème siècle avant JC dans ses Histoires qui est sa seule œuvre connue ; il décrit nombres d’animaux précisément mais pas le chat, tout en faisant part de certaines particularités qu’il a remarqué, tel le fait que les mâles tueraient les chatons pour que les femelles s’intéressent de nouveau à eux. Cela tend à démontrer que le chat était déjà bien connu et qu’il n’était pas nécessaire de le décrire physiquement. Il décrit également la fête de Bastet à Bubastis dédiée à la déesse du même nom, femme avec une tête de chat, incarnant la fécondité, la joie et la beauté, qui nous permet de confirmer que le chat avait été élevé au rang de dieu.
On sait aussi que les pharaons adorateurs et protecteurs des chats décrétèrent que quiconque tuait un chat risquait la peine capitale ; les chats étaient momifiés et il en a été retrouvés pour lui assurer une éternité heureuse.
Une bataille qui a eu lieu en 525 avant JC à Péluse relate aussi les ruses utilisées par les Perses pour combattre les Egyptiens. Selon les auteurs, l’histoire prend plusieurs formes mais les combattants auraient utilisé les chats, soit en les peignant sur leurs boucliers, soit en les accrochant dessus ou même en les envoyant par le biais d’une catapulte sur les combattants Egyptiens qui auraient alors refusé de risquer de tuer cet animal vénéré et auraient préféré se rendre. Perses, Grecs et Romains ont aimé les chats mais pas comme les Egyptiens, ils les ont surtout utilisé comme protecteurs de récoltes et jamais plus.
Les représentations des chats permettent de dater ce début de domestication entre 3000 et 1500 avant JC ; les écrits les plus anciens proviendraient de l’historien Grec Hérodote datant du Vème siècle avant JC dans ses Histoires qui est sa seule œuvre connue ; il décrit nombres d’animaux précisément mais pas le chat, tout en faisant part de certaines particularités qu’il a remarqué, tel le fait que les mâles tueraient les chatons pour que les femelles s’intéressent de nouveau à eux. Cela tend à démontrer que le chat était déjà bien connu et qu’il n’était pas nécessaire de le décrire physiquement. Il décrit également la fête de Bastet à Bubastis dédiée à la déesse du même nom, femme avec une tête de chat, incarnant la fécondité, la joie et la beauté, qui nous permet de confirmer que le chat avait été élevé au rang de dieu.
On sait aussi que les pharaons adorateurs et protecteurs des chats décrétèrent que quiconque tuait un chat risquait la peine capitale ; les chats étaient momifiés et il en a été retrouvés pour lui assurer une éternité heureuse.
Une bataille qui a eu lieu en 525 avant JC à Péluse relate aussi les ruses utilisées par les Perses pour combattre les Egyptiens. Selon les auteurs, l’histoire prend plusieurs formes mais les combattants auraient utilisé les chats, soit en les peignant sur leurs boucliers, soit en les accrochant dessus ou même en les envoyant par le biais d’une catapulte sur les combattants Egyptiens qui auraient alors refusé de risquer de tuer cet animal vénéré et auraient préféré se rendre. Perses, Grecs et Romains ont aimé les chats mais pas comme les Egyptiens, ils les ont surtout utilisé comme protecteurs de récoltes et jamais plus.
Enfin, on pense que c’est grâce aux Romains et à leurs différentes et nombreuses invasions que le chat très commun en Egypte va être disséminé un peu partout en Europe car ils étaient embarqués sur leurs bateaux afin de protéger les victuailles nécessaires à la survie pendant les voyages. Si le chat n’avait pas la place enviable qu’il occupa en Egypte, il sera apprécié par les Romains pour son utilité et considéré au début comme un signe de noblesse et de richesse.
3. Le Moyen Age : croyances et persécution, utilisation en pharmacopée
Après avoir été déifiés et vénérés, le Moyen Age ne va pas être la meilleure période pour nos amis les chats, pour ne pas dire que ce fut certainement la pire.
De l’Antiquité, les catholiques ont retenu que le chat était un être vénéré par des non-croyants et était par là même lié au Démon. Les papes étaient alors très influents et Grégoire IX notamment établit en 1233 l’Inquisition, un tribunal ecclésiastique permettant toutes les tortures sous prétexte d’un manque de foi ou de croyances dans le Diable. Les chats ont ainsi fait partie des condamnés avec leurs propriétaires.
Les rois n’ont pas forcément fait mieux, et l’on cite Louis XI qui allumait lui-même les bûchers où l’on jetait les chats pour des fêtes où la population considérait que c’était un spectacle.
En Belgique, un autre spectacle, pas moins barbare consistait en un lancer de chats, comme moyen de gérer la surpopulation, malgré de bons et loyaux services rendus pour débarrasser la ville d’Ypres de ses souris ; la coutume aurait perduré jusqu’en 1817.
On parle encore de chat-diable et Guillaume D’Auvergne en 1230 explique dans son Traité de la foi et des lois que [1]« …Lucifer peut apparaître à ses adeptes et ses adorateurs sous la forme d’un chat noir ou d’un crapaud et exiger d’eux des baisers, l’un abominable à savoir sous la queue d’un chat, l’autre horrifique, à savoir sur la gueule du crapaud… »
Fait rare, un évêque espagnol, Luc de Tuy, parle néanmoins d’un chat martyr de la foi et non plus diabolique au XIIIème siècle, relatant l’histoire d’un chat sautant sur un hérétique à chaque blasphème ; le chat reste quoi qu’il en soit mêlé à la religion et prétexte à des horreurs pendant des siècles.
Le chat est aussi devenu un animal banal à cette époque et utilisé en tant que tel :
- En Irlande, dans le Senchus Mor qui est un recueil de lois, écrit au Vème et suivi jusqu’au XVIIème siècle, il a une valeur monnayable en fonction de sa capacité à chasser les souris ou pas encore, et certaines races semblent déjà plus prisées que d’autres.
- En Gwentie, ébauche du Pays de Galles, la valeur du chat est également établie par un code de lois dès le début du Xème siècle ; par ailleurs, une procédure spéciale est prévue en cas de vol ou si l’on tue un chat qui gardait les greniers du roi.
- Le chat étant un animal ordinaire, il n’est pas anormal d’en consommer par temps de disette ; en France, ce sera admis seulement dans ces cas-là mais en Espagne, ce sera un met prisé.
- Les chats sont victimes de la beauté de leur pelage et sont communément volés et vendus pour leur fourrure au peuple car moins chère que celle de l’agneau ou du renard ; pour éviter cela, leurs maîtres leur brûlent les poils, les « marques de feu » n’étant pas appréciées.
- Autre utilisation surprenante pour nous, ses excréments sont utilisés dans la fabrication de médicaments et à compter du XIème siècle, sa graisse, sa moelle et sa chair, avec même des différences préconisées selon le mal dont souffre les personnes pour prendre un chat blanc ou noir.
- De premiers témoignages montre quand-même à la fin du VIIIème siècle que l’homme pouvait avoir des relations affectives avec un chat, grâce à un moine irlandais anonyme ; on sait aussi que les moines apprécieront la présence de chats dans les monastères pour sauvegarder leurs bibliothèques des rongeurs.
- A contrario, ce rapport affectif est condamné par l’Eglise comme le montre un texte rédigé vers 874, Le Conte du Chat et de l’Ermite ; l’Eglise souhaite que les rapports entre l’Homme et les animaux soient limités à une utilisation de leurs capacités à être utiles à celui-ci et elle se méfie du chat s’il est détourné de son activité de chasseur de souris.
- C’est pourtant bien grâce à sa fonction première que le chat devient l’ami de l’homme et parvient à rentrer dans les maisons plus que le chien et à nouer des relations affectives ; même celui qui n’a rien peut posséder un chat mais l’on note aussi que les rois tombent sous le charme avec une commande de tissu pour la couverture d’une chatte de la reine de France Isabeau de Bavière en 1406.
Tour à tour chat diabolique ou martyr de la foi, ces dix siècles du Moyen Age vont être terribles pour le chat mais il va aussi faire l’objet d’études et d’observations au XII et au XIIIème siècle prémices d’un intérêt certain pour cet animal appelé catus, ou cathus s’il s’agit d’un chat sauvage ou murilegus, musio ou feles s’il s’agit d’animal domestique. Les encyclopédistes disent encore peu de choses sur le comportement du chat et s’intéressent davantage à sa morphologie.
4. La Renaissance et l’époque moderne : une place nouvelle pour le chat
Pour la première fois, le chat va réellement accéder au statut d’animal de compagnie au XVIème siècle, à la fin du Moyen Age ; la chasse aux sorcières à laquelle on associe les chats ne s’arrêtera pas pour autant, les croyances et superstitions ayant la vie dure , et particulièrement l’ailouranthropie ou la capacité des chats à se transformer en sorcières et réciproquement.
Le chat victime de sa mauvaise réputation va devenir le héros malgré lui de farces mettant en avant son hypocrisie, son ingratitude, son côté voleur, ou sa symbolique sexuelle associée aux femmes ; La Fontaine écrira une dizaine de fables sur le chat avec ces images caricaturales, surtout destinées à divertir ( Le chat et les deux moineaux, Le chat et le rat, Le chat la belette et le petit lapin …) ; Rémy Belleau inventera même le verbe mitouiner qui signifie séduire par des propos hypocrites; Rabelais avec son Grippeminaud de son Cinquiesme Livre décrit en 1564 les chats comme « moult horribles et espouventables ; ils mengent des petits enfants … ».
Fort heureusement pour lui, il n’a pas que des détracteurs ; Léonard de Vinci va nous laisser quelques études et dessins ; il dira d’eux que « Le plus petit des félins est un chef d’œuvre » mais nous n’en savons pas plus a priori.
Comme le souligne Michèle Ressi dans son Histoire du Chat « Chez les possesseurs de chat, le sentiment ne s’exprime pas encore sauf exception ».
Deux auteurs vont commencer à se distinguer et à afficher leurs sentiments pour leur félin adoré, Montaigne qui parlera d’une de ses chattes, Madame Vanity, dans ses « Essais » en 1580 et le poète Joachim du Bellay qui écrira à la mort de son chat Belaud « Epitaphe d’un chat » en 1568, poème exprimant son grand chagrin de l’avoir perdu ; il s’agissait d’après la description d’un Chartreux, importé par les Templiers. D’autres races commencent aussi à faire leur entrée comme le Persan, associé aux rois et à l’aristocratie.
Charles Perrault fait aussi partie des auteurs dont le conte du Chat botté, écrit en 1695 dans ses Histoires ou contes du temps passé, a traversé les siècles et rendu célèbre son héros ; il y parle d’un chat particulièrement habile qui par sa ruse obtiendra le pouvoir et la fortune.
Au XVIIème siècle, à la demande de Louis XIII à son père Henri IV, les bûchers de chats à la Saint Jean vont être interdits, même si la coutume ne s’arrêtera pas avant la fin du XVIIIème siècle ; son ministre Richelieu va adorer les chats jusqu’à léguer une maison et une pension à ses 14 chats. Michèle Ressi dit même de lui qu’il aurait inventer la ronron-thérapie, calmant ses nerfs malades en compagnie de ses chats et particulièrement des Angoras qu’il affectionnait ; il donne aussi de l’importance aux chats en tant que dératiseur et protecteur de la librairie royale.
Au XVIIIème siècle, vont s’affronter Buffon qui exècre les chats et semble en perdre tout son bon sens, les décrivant comme des animaux sans odorat, au caractère faux, voleur dans son Histoire naturelle générale et particulière en 1756, où il leur fait un procès à charge, disant même qu « ’ils n’ont que l’apparence de l’attachement », et Paradis de Moncrif qui va écrire son Histoire de chats en 1727, les mettant à l’honneur et permettant de les réhabiliter à travers un grand succès, augurant déjà que les chats seront reçus et recherchés partout.
« L’amélioration du statut des chats est aussi liée de façon plus générale à un courant de pensée qui condamne la cruauté envers les animaux[1] » L’auteur cite ici La première Etape de la Cruauté de William Hogarth en 1751 qui « montre des garnements torturant chiens et chats », et un conte du pédagogue Arnaud Berquin (1747-1791) qui témoigne de cette nouvelle sensibilité.
Le siècle dit des Lumières va permettre à la raison de commencer à terrasser les superstitions mais l’on retrouvera encore des chats emmurés en porte-bonheur pendant des constructions.
Un autre roi, Louis XV, va œuvrer aussi pour sa réhabilitation et le mettre à la mode, avec comme Richelieu, une préférence pour l’Angora blanc, qui sera accepté dans sa chambre comme pendant ses réunions à la table du Conseil. La diversité des races qui sont importées grâce à certains voyageurs comme Pietro della Valle au début du XVIIème siècle et Mario Schipano un peu plus tard, ou encore Nicolas Fabri de Peiresc vont contribuer à l’intérêt grandissant pour la race féline destinés à l’agrément par l’apport d’un certain exotisme
Louis XV interdira de nouveau les bûchers de chats à la Saint Jean mais ils perdureront vraisemblablement jusqu’à la Révolution Française en 1789 et il n’en verra donc pas la fin. Il s’avère selon Laurence Bobis que « l’aisance favorise sans doute des comportements qui « défonctionnalisaient » l’animal pour en faire un objet affectif à part entière ». La population va chercher à garder ses chats dans ses maisons en les castrant pour éviter qu’ils ne soient tentés d’aller ailleurs ; Paradis de Moncrif dit que cette tâche était alors attribuée aux chaudronniers.
On va comprendre la place que prend petit à petit le chat dans la vie des gens à travers les ouvrages qui vont lui être consacrés en littérature. Les écrits se veulent légers voire parodiques mais ils fleurissent ; Laurence Bobis cite Le Traité complet sur l’éducation physique et morale des chats suivis de l’art de guérir les maladies en 1828 par Alexandre Martin dans sa « Petite Bibliothèque utile et amusante », Les Chats de Champfleury paru en 1869, réédité deux fois cette année-là puis remis à jour encore l’année suivante. Le chat est maintenant associé à l’écrivain et à l’intellectuel, comme Victor Hugo, Mérimée ou Théophile Gauthier.
Si le code civil de Napoléon, qui n’aimait pas les chats et y était a priori allergique, y considère encore comme meubles par nature les animaux, les esprits évoluent et des structures vont être créées comme la Société Protectrice des Animaux en 1845 afin de protéger les animaux de la cruauté des humains.
Parmi eux, le chat voit clairement son statut évoluer et en Occident sa fonction de chasseur de souris passe au second plan, pour être surtout considérer comme un animal dit d’agrément ou de compagnie.
En 1772, Louis-Sébastien Mercier fut le premier à estimer la population parisienne en y incluant les animaux de compagnie ; c’était déjà donner une idée de leur place et leur nombre atteignait 200.000 pour les chiens et presque autant de chats, uniquement à Paris.
Puis vont arriver les expositions félines, prouvant que le chat n’est plus seulement un chasseur de souris, avec la première en 1871 au Crystal Palace à Londres avec 170 chats réunis pour l’occasion, essentiellement des Persans et des British Shorthair; la première en France n’aura lieu qu’en 1925 ; malgré un engouement certain, les expositions ne reprendront qu’après la Seconde Guerre Mondiale. Le chat va devenir omniprésent et célébré par de nombreux auteurs encore, l’une des plus célèbres restant Colette : « A fréquenter le chat, on ne risque que de s’enrichir ; serait-ce par calcul que depuis un demi-siècle, je recherche sa compagnie ? ». Baudelaire l’avait précédée avec Les Chats écrit en 1847 et tiré des Fleurs du Mal, dans lequel il y montrait sa vénération pour le félin.
Le chat est aussi une vedette de dessins animés et de bandes dessinées, avec Félix le Chat et Tom et Jerry, et de nos jours le Chat de Philippe Gelück. On le voit aussi dans les films animés (Les Aristochats) ou pas (Alien, le Huitième Passager avec Jones) ou en titres de films avec métaphore (La Chatte sur un toit Brûlant de Richard Brooks en 1958).
5. Et maintenant : une place prépondérante pour le chat
De nombreux signes nous montrent depuis quelques années l’importance qu’ont pris les animaux de compagnie dans notre vie et plus encore celle des chats :
- Le 28 janvier 2015, l’Assemblée nationale a voté en lecture définitive le projet de loi relatif à la modernisation du droit après dix ans de réflexions et de débats parlementaires. Un article 515-14 est ainsi ajouté au livre II du code civil : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. »
- La population de chats en France a supplanté celle des chiens depuis bien longtemps ; déjà en 2003, on comptait 9,7 millions de chats contre 8,6 millions de chiens ; en 2019, nous sommes classés au troisième rang derrière la Russie (22,8millions) et l’Allemagne (14,7 millions) avec 14,2 millions de chats, loin devant le Royaume Uni qui n’en compte que 7,5 millions et préfère les chiens, avec 9 millions, alors que les français n’en possèdent plus que 7,6 millions. De plus, « la moitié des français déclare posséder un animal de compagnie et 18% de ceux qui n’en ont pas pensent en acquérir à l’avenir »Statista Research Department le 26/07/2019[1].
- Le LOOF a été agréé en 1996 pour la tenue du livre généalogique des espèces félines et depuis le 6 janvier 1999 pour les chats nés en France .Le nombre de naissances de chats de race a explosé en 10 ans selon les statistiques du Loof[2], avec des modes qui changent, le Persan, roi des chats en France ayant été supplanté par le Maine Coon depuis 2011, avec le Sacré de Birmanie devant lui aussi depuis 2013. Le Maine Coon très à la mode en ce moment comptait 15.748 naissances en 2019, pour 4967 pour le Sacré de Birmanie et 2484 pour le Persan.
- L’ICAD a été créée en 2012, après la SIEV en 2001 pour gérer le fichier des animaux domestiques. La définition trouvée sur leur site est la suivante : « C’est l’unique fichier de référence pour le suivi sanitaire et le suivi comportemental effectués par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (gestion sanitaire, contrôle des mouvements d’animaux, lutte contre les trafics, surveillance de la dangerosité dans l’espèce canine, protection de la population »
- Les chats disposent maintenant d’hôtels quand leurs maîtres partent en vacances et ne peuvent pas les emmener
- Nous avons vu apparaître des bars à chats pour pouvoir bénéficier de ronronthérapie lorsqu’on ne peut pas en avoir chez soi dans les grandes villes
- Le chat a ses forums sur internet et est aussi la vedette de certains comptes Instagram
- Il fait la joie des publicitaires par son élégance et son attrait qui attire les regards, ou son côté gaffeur qui renverse tout.
- Les ventes de produits d’animalerie en France sont estimées à 4,3 milliards d’Euros en 2017, avec une progression annuelle de 4% depuis 10 ans ; 1,9 milliards sont destinés aux chats, pour 1,6 milliards aux chiens ; les aliments représentent environ les ¾ des ventes de produits pour chiens et pour chats ; toujours en 2017, le marché du e-commerce a généré 10,2% des ventes de produits pour animaux de compagnie, soit +23% par rapport à 2016 ; en comparaison le e-commerce n’a représenté que 8,5% du commerce de détails[1].
Rien d’étonnant donc à ce qu’après ce parcours historique résumé au mieux, on s’intéresse de plus près à nos amis les chats qui sont devenus prédominants et que l’on passe maintenant à une autre étape, qui ne se limitera pas seulement à s’occuper de son aspect physique.
A suivre, les troubles comportementaux chez le chat et l’intérêt du comportementaliste félin.